Présentation de Frédérique MARIN : Un saut dans l'inconnu
« A l'adolescence, je dessinais des portraits que je copiais, puis j'ai fait des portraits de personnes sans modèle » explique Frédérique MARIN. Ce furent la les premières approches d'une passion malheureusement contrariée par les projets familiaux. C'est donc vers une formation en photographie qu'elle se dirigea, comme pis-aller, en attendant des jours plus propices. Beaucoup plus tard, vers la quarantaine, l'opportunité et le désir réels de renouer avec le dessin et la peinture se manifestèrent impérieusement. Seule d'abord, puis au sein des Ateliers Municipaux des Beaux-Arts de Marseille, en compagnie d'une amie férue comme elle d'art et de randonnée (sa deuxième passion), elle se « mit à l'œuvre », littéralement. Les portraits et paysages au titre des premières armes la lassèrent vite. Il fallait passer à autre chose. La voici devant la « page blanche » trouvant enfin une possibilité d'expression jamais éprouvée jusqu'alors. Cependant, devant cette page muette et infinie, et sans doute à cause de la photo, elle va s'imposer un cadre, tracé à la main, préalable à toute création. Dans cet espace circonscrit, elle imagine des compositions colorées, peuplées d'objets et de symboles récurrents: clefs, stylos, hiboux, cœurs etc., paysages graphiques tels des projets d'affiches, colorés à l'encre et à l'aquarelle, où l'on sent le besoin d'apprivoiser la composition et l'harmonie des couleurs. Un apprentissage nécessaire, en somme mais déjà porteur de qui sait quel message codé encore indéchiffrable. Plus tard, toujours aux Ateliers et encouragée par Yvan DAUMAS, le professeur, elle franchira les limites du cadre pour l'éliminer enfin et faire sien l'espace pictural ainsi libéré et recouvré. Au fil des œuvres, l'on perçoit une recherche et un cheminement constants et appliqués qui la conduisent peu à peu à une abstraction géométrisante. Le support reste le papier ou le carton sur lesquels F.MARIN va expérimenter d'autres techniques comme le découpage-collage. « Je crois avoir un problème avec la couleur », avoue-t-elle, même si celle-ci est présente dans ces réalisations variées et nombreuses. A ce stade, à nouveau, une lassitude s'installe, prémices à n'en pas douter d'un renouveau et d'une nouvelle ouverture. Yvan DAUMAS lui conseille de « laisser aller ». Ce fut le signal! Mais F.MARIN apprend à ce moment là qu'elle est atteinte d'une maladie qui va sans doute lui laisser un handicap des membres. Elle entreprend alors des œuvres d'une grande minutie où, avec peu de couleurs l'espace se peuple et se sature d'entrelacs et de personnages improbables au gré de la main qui lutte contre la menace non encore flagrante. Le regard y découvre tout-à-coup un univers autre, l'évocation désormais claire d'une riche intériorité qui lutte pour que la germination éclose. C'est là un vrai tournant, la découverte pour F.MARIN d'une voie personnelle et d'une voix singulière: l'œuvre s'élabore et se développe par sa main infatigable et sous ses yeux étonnés dans un cri authentique chargé de sens. Mais cette minutie, ce travail de fourmi deviennent trop laborieux à cause des exigences physiques contrariées par la perte d'agilité. Il lui faut alors ouvrir avec décision les vannes de l'expression profonde et de mobiliser ou maîtriser cette main menacée par le handicap, accomplir ce que le désir lui commande de faire. Il y a là comme un saut dans le vide, ou plutôt dans l'inconnu, dans le sens où il faut renoncer à tout ce qui a préexisté mais un saut ô combien libérateur et gratifiant. Actuellement, F.MARIN aborde sur de grande feuilles beiges de format Raisin (beige-»pour fuir le vide du blanc ») et à l'aide d'encres ou de feutres noirs et rouges, ce qui constitue la partie la plus significative de son travail. « Saut dans le vide ou dans l'inconnu » sans doute, avec sa prise de risque, puisque l'œuvre s'élabore sans projet préalable ou presque, en suivant les pulsions de l'âme et du bras, mais pour mieux donner corps à ce nouvel univers dans lequel elle s’incarne. Il n'y a pas de sujet apriori, même si l'œuvre achevée offre au spectateur d'étranges créatures qu'elle qualifie de « mutants »: animaux hybrides, chat-homard, chevaux ailés, visages de femmes provocants sur stèle de viscères, griffes et plumes, pieds fourchus, coulures de sang clair, ventres et crânes exploses mais sans exhibitionnisme. Une fantasmagorie surgie de l'inconscient qui, dans une mitose débridée, développe ses cellules et nous fait traverser le miroir Il n'y a pas seulement là une nécessaire art-thérapie; F.MARIN baigne dans ce bonheur conquis d'avoir atteint une partie de son but. Plus de lassitude à présent dans cette frénésie de dessiner à l'infini tout en donnant à voir la richesse douloureuse de son univers intérieur. « C'est le trait qui me libère; j'ai trouvé le moyen de maîtriser le handicap du tremblement par d'amples gestes continus et cela me convient » dit-elle en montrant souriante et apaisée ces créature d'exorcisme et ces corps crucifiés ou enchevêtrés. Parfois oniriques, parfois infernales ou surréalistes, elles nous hantent car elles nous font entrer au cœur d'une chair et d'une âme. Armande PIGNAT, artiste
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